Ingénieur, j’enseigne à l’IUT : un partage d’expériences enrichissant
Cela fait 22 ans que Franck Lemiègre enseigne à l’IUT en tant que vacataire. Après une expérience d’une douzaine d’année chez Thalès, cet ingénieur en électronique a créé, il y a 18 ans, Proxima Energies, un bureau d’études thermiques. Il nous parle de son expérience en tant que professionnel dans les murs de l’IUT.
« Tout a commencé en 2002 : avec la réduction du temps de travail chez Thalès, nos vendredis après-midi se sont libérés. Un enseignant m’a alors proposé d’encadrer des TP d’électronique. »
Au début, la posture d’enseignant n’était pas forcément facile à adopter : « N’ayant pas de formation pédagogique, je ne me sentais pas légitime. Mais je me suis vite rendu compte qu’il ne fallait justement pas que je l’aie ! »
Des pros à l’IUT pour une approche ancrée dans le monde réel
Car si les IUT ont pour objectif de faire intervenir 25 % de professionnels dans leurs formations, c’est justement pour la vision différente qu’ils apportent aux étudiants.
Ce que confirme Franck Lemiègre : « Nous avons effectivement un rapport totalement différent avec ces jeunes. Je vois mon rôle comme un lien entre la théorie et la pratique. Ils ont encore une approche très théorique et ils sont souvent heureux de comprendre les connexions entre les différents cours. » Il n’est en effet pas rare que, lors d’une explication, un étudiant s’exclame « Ah ! Maintenant, je comprends pourquoi on a appris ça ! »
L’ingénieur enseigne aussi dans notre département Génie Civil : « Là aussi, on leur enseigne les études thermiques sur papier, mais le volet pratique n’est pas toujours abordé. Je leur offre une explication sur la méthodologie pratique et l’utilisation des logiciels en détail. »
Être en activité permet également de trouver facilement des situations d’apprentissage authentiques : « Je fais partie de l’ONG « Electriciens Sans Frontières » en tant que bénévole, et j’utilise régulièrement ces projets réels comme cas d’études pour les étudiants. » Alors qu’en Génie Civil, les étudiants s’entraînent sur des études thermiques déjà réalisées. « Souvent, je connais les entreprises dans lesquelles ils sont en alternance et j’essaie d’inclure des exemples sur ces structures dans mon cours. »
L’enseignement : des défis et beaucoup de satisfactions
Il y a évidemment des difficultés : « C’est compliqué de créer un cours à partir d’une page blanche. Ont-ils les prérequis pour comprendre ceci ? Comment faire une présentation qui dure 2h et pas plus ? » Enseigner, c’est également s’exposer aux critiques (justifiées et constructives…) des jeunes : « Si je parle de bilan carbone, certains me questionnent : Et vous, que faites-vous ? On vous a vu avec une belle voiture ! Vous mangez encore de la viande ? Il faut être en concordance avec ce que l’on raconte ! Initier le débat… et là c’est gagné ! »
Mais ces temps passés à l’IUT lui sont bénéfiques à bien des égards. Ils lui permettent de mieux conceptualiser son travail, ce qui l’aide dans son quotidien professionnel : « Expliquer les concepts devient bien plus simple avec mes clients. »
De plus, il continue d’enrichir ses connaissances : « J’apprends beaucoup. Certains alternants ont parfois des questions sur les bilans Carbone ou les études thermiques de leur entreprise. Je découvre ainsi plein de nouveaux modes de fonctionnement. »
Enfin, cela lui offre une échappatoire à sa routine professionnelle : « Après une journée entière d’études thermiques hier, aujourd’hui je prends du recul et je me détends. »
Le BUT : une réforme qui va dans le bon sens
Depuis la réforme du BUT, Franck Lemiègre encadre régulièrement des SAé (Situations d’Apprentissages et d’Evaluation), et il en est ravi : « J’adore cela. En tant que professionnel, je cautionne totalement ce type d’enseignement. » Il souligne que maintenant les étudiants doivent être plus autonomes au lieu d’être guidés pas à pas dans leurs tâches pratiques. Ce qui permet de mieux analyser leur comportement. « Cela nous aide à repérer ceux qui ont une attitude de leadership par exemple. Parce que, dans le monde réel, on ne recrute pas qu’un diplôme, mais également une personnalité, une attitude. »
De plus, il remarque avec plaisir que parfois, en lisant les portfolios des étudiants, il se reconnait : « C’est une grande satisfaction de transmettre son savoir. »